NOTE BIOGRAPHIQUE A.M.CASSANDRE
Adolphe, Jean-Marie Mouron, dit A.M.Cassandre est né à Kharkov (Ukraine, Empire Russe jusqu'en 1917) , de parents français, le 24 janvier 1901. Après une alternance de séjours en Russie et en France, il se fixe définitivement à Paris en 1915, où il achève ses études secondaires. En 1918, après un très bref passage à l’École des Beaux-Arts, il s’inscrit dans les ateliers libres de peinture, chez Lucien Simon puis à l’Académie Julian.
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Pressé par le besoin d’assurer son indépendance financière, il compose, sans doute même dès 1921, quelques affiches dans un style caricatural qui vient peut-être d’outre Rhin. Ces premières créations sont toutes aujourd’hui disparues. En 1922 il s’installe dans son premier atelier parisien, rue du Moulin Vert à Montparnasse, et décide de signer ses œuvres publicitaires du pseudonyme de Cassandre qui restera parfois, jusqu’en 1928, mystérieusement accolé au nom de Mouron.
En 1923, il présente au public la première œuvre où s’affirme son style synthétique, AU BUCHERON. L’affiche reproduite en très grande dimension sur de nombreux emplacements parisiens, fait sensation et lui apporte la célébrité. Elle lui vaudra, deux ans après, le grand prix de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs, à la faveur de laquelle il fait la connaissance de Charles Peignot.
En 1924, il a épousé sa première femme, Madeleine Cauvet, nièce de Georges Richard, l’un des pionniers de l’industrie automobile française, et fait construire par Auguste Perret sa maison de Versailles où il s’installe en 1925.
La même année, il signe un contrat d’exclusivité avec Hachard & Cie qui éditera ses affiches jusqu’en 1927. A la suite de sa rencontre en 1926 avec Maurice Moyrand, alors agent général de l’Imprimerie L. Danel de Lille, et avec lequel il se lie d’amitié, il reprend sa liberté d’action et apporte sa collaboration à la firme lilloise. Simultanément, il prépare son alphabet à usage publicitaire, le BIFUR, qui est fondu en 1929 par Deberny & Peignot.
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Entre-temps il est également sollicité par les éditeurs étrangers, Mc Corquodale & Co à Londres, Bemrose & Sons à Derby, et surtout Nijgh en Van Ditmar à Rotterdam.
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En 1930, Deberny & Peignot édite son second caractère, l’antique de titres ACIER noir et gris. La même année, après la Compagnie Artistique de Publicité, Maurice Moyrand fonde l’Alliance Graphique L.C. (Loupot-Cassandre).
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En 1931, les deux grands affichistes exposent conjointement à la Galerie Pleyel à Paris, et, l’année suivante, Cassandre prend la direction artistique de l’Alliance Graphique, qui éditera, entre autre, jusqu’en 1935, un grand nombre de ses affiches. Mais dès 1930, Cassandre est également sous contrat avec les Ets Nicolas, pour lesquels il exécute quantité de travaux de mise en page destinées aux publications commerciales et de prestige de la firme de Charenton.
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Fin 1933, il fait ses débuts de peintre de théâtre, grâce à Louis Jouvet qui, le premier, fait appel à lui dans ce domaine. La même année il est nommé professeur à l’École Nationale des Arts Décoratifs, mais l’atelier de publicité graphique qu’il dirige cesse rapidement son activité faute de moyens financiers. Il enseigne alors, de 1934 à 1935, à l’école d’Arts Graphiques de la rue Ferou.
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En 1935, il signe un contrat d’exclusivité pour l’édition française de ses affiches avec Draeger Frères. Il travaille parallèlement, de 1935 à 1936, pour la Suisse (Säuberlin &Pfeiffer SA à Vervey), et l’Italie (Officine Grafica Coen à Milan). Il met également la dernière main à son premier caractère de labeur, le PEIGNOT, qui sera fondu pour paraître à l’Exposition Universelle de 1937 à Paris.
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Après une exposition rétrospective d’affiches au Musée d’Art Moderne de New York en janvier 1936, et la signature d’un contrat avec HARPER’S BAZAAR pour la création des couvertures de la revue mensuelle américaine, il s’embarque à l’automne pour les États Unis, où il passera les hivers 1936-1937 et 1937-1938. il exécute quelques projets d’affiches dont seulement quelques unes sont éditées. Mais depuis sa rencontre avec Balthus en 1936, il consacre une grande part de son activité à la peinture de chevalet. Il ne subsiste rien des toiles de cette période.
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De retour à New York, il s’installe de nouveau à Paris et, peu après son premier divorce, il s’engage dans l’armée à la déclaration de guerre. Dès sa mobilisation en automne 1940, retrouvant la peinture, il prépare une exposition de tableaux qui a lieu en 1942, à la Galerie René Drouin. L’année précédente, dans le cadre d’un travail de décoration qu’il exécutait à Lyon pour la Chambre Syndicale de Haute couture Parisienne, il a rencontré celle qui en 1947 deviendra sa seconde femme, Nadine Robinson, alors modéliste chez Lucien Lelong.
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Jusqu’en 1944 sa principale activité reste la peinture mais il consacre néanmoins beaucoup de son temps à la décoration théâtrale dans laquelle il découvre un champ de création privilégié où se complètent architecture et peinture. Il travaille notamment pour l’Opéra de Paris, la Comédie des Champs-Élysées, l’Opéra de Monte-Carlo. A la fin de la guerre, il reprend son activité dans les arts graphiques (annonces, couvertures de revues, illustrations, cartes à jouer, affiches, mises en pages).
En 1948, il passe six mois en Italie où il réalise quelques projets d’affiches à la demande de son éditeur de Milan, Augusto Coen (Calcografia & Cartevalori), pour lequel il étudie également plusieurs projets d’utilisation du procédé mécanique en taille douce polychrome, employé pour l’impression des billets de banque. Mais, d’Italie, il prépare aussi sa rentrée au théâtre en exécutant pour la Comédie-Française les maquettes du décor du MONSIEUR DE POURCEAUGNAC dont la première représentation aura lieu à la fin de l’année.
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De retour à Paris à l’automne, il est aussitôt sollicité par les organisateur du Festival d’Aix-en-Provence qui lui confient la construction du théâtre à l’italienne en plein air dans la Cour de l’Archevêché, ainsi que la création des décors et costumes pour le DON GIOVANNI de Mozart avec lequel le théâtre est inauguré. Le spectacle remporte un succès international. Cassandre est alors à l’apogée de sa carrière de peintre de théâtre. La même année il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.
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Sa grande exposition de 1950 au Musée des Arts Décoratifs rend compte de vingt-cinq ans d’un travail diversifié dans les arts graphiques et plastiques.
Il divorce de sa seconde femme en 1954 et, après avoir collaboré notamment avec la Comédie-Française, le Festival du Mai Florentin, le Bayerische Staatsoper de Munich, le Festival de l’œuvre du XX ème siècle à Paris, il met un point final à son œuvre théâtrale en présentant en 1959 ses décors et costumes pour jouer les TRAGEDIES DE RACINE à la Comédie-Française. Mais ce travail intense consacré à la scène ne l’empêche pas de poursuivre ses recherches graphiques, typographiques et picturales ; il compose notamment quelques affiches pour OLIVETTI de nouveaux caractères de machine à écrire, dessine des logotypes, des pochettes de disques.
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En 1959-60, ne donnant pas de suite à la proposition d’André Malraux qui lui offre la direction de la Villa Medicis à Rome, il quitte son appartement et son atelier de la rue de Bellechasse où il est resté près de vingt ans, pour occuper place Malesherbes l’ancien hotel particulier de Meissonier. Il y peint une série de compositions dites « décoratives » et l’une de ses dernières toiles LA FRONTIERE. En 1962 il est promu au grade d’Officier de la Légion d’Honneur.
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Mais l’année suivante il décide de quitter Paris pour se retirer définitivement à la campagne non loin de son ami François Michel, près de Belley. Il caresse un temps le projet de fonder dans la région un institut international d’enseignement des arts plastiques, dessine les plans de la maison qu’il rêve de faire construire dans ce Bugey dans lequel il tente de prendre racine, mais où il passe deux années marquées par les incertitudes de tous ordres et les hésitations.
Las, il regagne Paris en 1965. il peint sa dernière affiches, 24 HEURES, pour un quotidien qui ne voit pas même le jour, prépare ses expositions rétrospectives d’affiches à la Galerie Motte de Genève (1966), à la Galerie Janine Hao à Paris (1966) et à la Rijksakademie d’Amsterdam (1967), et commence quelques toiles qui resteront inachevées, sauf un dernier paysage du Bugey qu’il peint de mémoire.
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Mais ces dernières années sont surtout professionnellement marquées par l’achèvement de son dernier caractère de labeur, spécialement étudié pour la photocomposition, le CASSANDRE qui, de son vivant ne connaîtra pas la publication, et de son adaptation épigraphique, le METOP.
Après une première tentative manquée en 1967, il se donne la mort dans son appartement parisien de l’avenue René Coty le 17 juin 1968.
Henri Mouron, A.M. CASSANDRE 1984.
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